Dans les pays du Bassin du Congo, à la fin avril 2020 ce sont 200 cas qui ont été enregistrés au Congo dont 8 décès, 211 cas dont 3 décès au Gabon, et au Cameroun 1,430 cas dont 56 décès.
Dès le mois de mars 2020, afin de réduire la propagation du virus, les gouvernements de ces pays ont réagi promptement par de nombreuses mesures restrictives.
En sus des mesures de confinement et autres méthodes de prévention pour endiguer l’épidémie, les gouvernements de la sous-région ont mis en place des mesures d’accompagnement pour soutenir les populations défavorisées et pallier l’effondrement soudain des activités commerciales. Parmi celles-ci, notons la création de fonds de solidarité, la mise en place de banques alimentaires, la suspension des loyers, la subvention de l’eau et de l’électricité et différents dispositifs de soutien aux entreprises. De nombreuses initiatives privées de solidarité ont également vu le jour.
Le secteur forestier représente une importante ressource économique dans ces pays d’Afrique centrale. En termes d’emploi, la filière génère environ 2 millions d’emplois dans l'exploitation et la transformation du bois. Au Gabon par exemple, le secteur forestier représente 60 % du PIB (hors hydrocarbures) avec environ 17 000 emplois directs et indirects du secteur privé. C’est l’un des piliers historiques de l’économie gabonaise. Le secteur a donc fait l’objet dès le début de la pandémie d’attentions particulières.
Au Congo, Gabon et Cameroun le secteur forestier a pu maintenir ses activités. Des réunions de crise ont eu lieu entre les administrations, les compagnies forestières et les syndicats. Tous se sont mobilisés et organisés en utilisant tous les canaux de communication possibles (téléphone, emails, groupes WhatsApp) pour trouver rapidement des solutions afin d’assurer la continuité des opérations.
Face au défi du COVID-19, la riposte du gouvernement congolais a été forte. Les mesures vont de l’état d’urgence sanitaire à l’instauration d’un couvre-feu, en passant par un confinement à domicile de l’ensemble de la population. Elles ont été mises en place après la fermeture des lieux de culte, écoles, bars, restaurants et des frontières. Des mesures spécifiques du Ministre de l’Economie Forestière ont aussi été prises pour réglementer les activités du secteur. Le Ministre du budget a quant à lui instauré des mesures douanières, fiscales et financières pour accompagner les entreprises du Congo.
Au Gabon, le gouvernement a promulgué la fermeture du pays aux voyageurs venant des zones touchées dès le mois de février 2020, pour ensuite fermer totalement les frontières mi-mars, interdire les rassemblements, fermer les bars et engager d’importantes campagnes de communication pour promouvoir les gestes barrières. Le 13 avril 2020, enfin, les autorités ont instauré le confinement de la capitale Libreville et de ses trois communes limitrophes, ainsi que l’obligation du port du masque dans les lieux publics.
Le pays a aussi renforcé ses capacités médicales et entrepris une campagne de dépistage massif, notamment pour les personnels de santé. Près de deux cent mille tests ont été importés par le gouvernement. Le pays a également reçu un don de 100 000 tests supplémentaires de la part du milliardaire chinois Jack Ma, fondateur et dirigeant du site de commerce en ligne Alibaba.
Les opérateurs forestiers ont été autorisés à continuer leurs activités d’exploitation et de transformation du bois pendant la période de confinement. Ils doivent cependant prouver qu’ils ont la capacité de mettre en œuvre certaines mesures obligatoires, dont une procédure écrite décrivant le plan d’urgence COVID-19 de la société et la protection spécifique des travailleurs suivant les différents types de sites d’activités. Le Ministre de l’Environnement et des Eaux et Forêts du Gabon a aussi proposé certaines mesures financières incitatives dont des premiums sur les bois FSC pour les achats parapubliques.
Le Cameroun est le pays ayant la plus forte population et le plus touché par la pandémie. Le gouvernement a pris le même type de mesures que chez ses voisins, allant de la fermeture des frontières, des établissements scolaires et universitaires, des débits de boisson à l’interdiction des rassemblements et au port du masque obligatoire. Cependant, le confinement total de la population n’a pas été décrété, même si des campagnes de communication enjoignent les camerounais à rester chez eux dans la mesure du possible.
L’industrie du bois continue de travailler malgré les difficultés. Ainsi, pour faire face à l’impact économique du COVID 19 sur les entreprises, des propositions du GICAM (Groupement Inter-patronal du Cameroun), des organisations patronales et syndicales dont le G.F.B.C. pour la filière bois ont été présentées au Ministère des Finances et à la Direction des Impôts. Il s’agit de demandes de mesure de soutien aux entreprises sur le plan fiscal, social, douanier et monétaire. La Filière bois a notamment demandé à l’instance publique, la réduction des impôts spécifiques (Redevance Forestière Annuelle – Taxes d’abattage- Droits de sortie à l’exportation.)
Dans l’ensemble des trois pays, en première et seconde transformation bois, les prises de commandes sont rares et les reports de livraisons de contrats de plus en plus nombreux. La solidité des carnets de commande étant fortement impactée, certaines entreprises prennent des mesures de chômage technique. D’autres rencontrent des difficultés pour mettre en place les mesures barrières. La filière bois des pays du Bassin du Congo s’organise autant que possible pour faire face à cette crise dont les conséquences impactent directement une activité dépendante entièrement des échanges internationaux (Asie, Union européenne, USA).
Notons que dans les trois pays du Bassin du Congo, les entreprises certifiées FSC ont fait preuve de réactivité et de promptitude dans la mise en place des protocoles pour protéger leurs travailleurs. Ainsi dans sa circulaire aux acteurs du secteur le Ministre des Forets Gabonais a cité en exemple le protocole anti COVID-19 de la société Rougier Gabon. Les certifiées FSC ont aussi passé des commandes de masques et gels antibactériens, mais aussi de matériel approprié pour traiter d’éventuelles victimes du coronavirus dans leurs infrastructures de santé dès le début de la crise.
La société certifiée FSC, Interholco AG, dans le Nord du Congo a lancé un appel à la générosité internationale pour obtenir des fonds pour l’achat de ventilateurs et autre matériel médical.
De son côté, le Programme de Promotion de l’Exploitation Certifiée des Forêts (PPECF) a proposé une aide exceptionnelle de 250 000 euros pour soutenir les populations des villages dépendant des ressources des forêts du Bassin du Congo.
Les retombées de la crise liée au COVID-19 seront lourdes pour la santé économique des entreprises et auront des conséquences négatives sur l'emploi. La Commission économique pour l’Afrique prévoit que la croissance devrait passer de 3,2 % à 1,8 % du fait de l’arrêt des échanges commerciaux avec les économies affectées de l’Union européenne, de la Chine et des USA. De même, la chute des cours du pétrole contribue à la fragilisation des pays producteurs du Bassin du Congo. Ces baisses des recettes pétrolières et des exportations des produits forestiers vont réduire les revenus et impacter les budgets de ces états de manière drastique.
Nul ne peut prédire l’avenir à ce jour et la demande de bois dépendra de la manière dont la pandémie se développe et est maîtrisée au niveau mondial. On peut voir un espoir dans la reprise progressive de la demande venant de Chine.
Pour des informations régulières sur l’impact du COVID-19 sur le secteur forestier : https://www.atibt.org/fr/impact-du-covid-19-sur-le-marche-bois-tropical/
Pour participer a la collecte de fonds d'Interholco : [url]https://bit.ly/IHC-Join-us-against-COVID-19[/url]