L'objectif est de faire du secteur bio-économique un contributeur important à l'économie du pays et au produit intérieur brut d'ici à 2030. Pour y parvenir, l'industrie du poteau devra cependant relever de nombreux défis. Les divers acteurs du secteur doivent travailler en plus étroite collaboration pour faire face à la baisse des approvisionnements en matière première et aux problèmes de réglementation et de qualité. Dans cette optique, il est plus important que jamais que le secteur forestier adopte des pratiques durables et que l'on puisse compter sur une chaîne d'approvisionnement fiable et sûre.

Comprendre les standards pour le bois
Pour comprendre le marché sud-africain du poteau en bois, il faut d'abord comprendre les standards nationaux sud-africains (SANS) pour les poteaux traités. Les poteaux en bois traité (à l'exception des poteaux électriques) peuvent être produits soit d'après le standard SANS 457, composé du SANS 457-2 applicable aux poteaux en bois de résineux (pin) et du SANS 457-3 applicable aux poteaux en bois dur (eucalyptus/gomme) soit d’après le SANS 1288 (bois traité avec des conservateurs).


La différence entre le standard SANS 457 et le standard SANS 1288 réside dans le fait que les poteaux produits uniquement d'après le standard SANS 1288 ne sont conformes qu'aux exigences relatives aux traitements conservateurs, et que les exigences du standard SANS 457 portant sur la résistance physique ou la qualité visuelle ne peuvent être respectées et ne le seront pas. Ces poteaux seront donc classés comme poteaux non-structurels et ne pourront donc pas être utilisés pour des applications structurelles. Les poteaux produits d'après le standard SANS 457 sont classés comme poteaux structurels destinés aux usages spécifiés dans les standards SANS 457-2 et SANS 457-3, c'est-à-dire pour être utilisés comme poteaux de construction, poteaux agricoles, poteaux pour clôture et poteaux pour glissières de sécurité.1 (SAWPA:2019).

La possibilité de traiter les poteaux d'après le standard SANS 1288 n'a été accordée qu'à partir de l'an 2000. Cette autorisation avait pour but de permettre l'utilisation de poteaux traités non-conformes au standard SANS 457, par exemple pour la fabrication de mobilier d'extérieur d'esprit « ranch » ou pour d'autres applications nécessitant des poteaux tordus/courbés d'aspect naturel pour répondre à la demande de l'acheteur. L'usage d'une protection et d'un traitement adaptés à l'aide de conservateurs pour lutter contre les agents biologiques tels que les champignons et insectes destructeurs du bois sera assuré conformément au standard 1288. 1 (SAWPA:2019)

L'autorisation de traitement des poteaux selon le standard SANS 1288 concerne donc uniquement des besoins et demandes/commandes spécifiques et ne s'applique pas à la vente au détail, où le consommateur/utilisateur final risquerait d'acheter un poteau puis de l'employer pour un usage auquel il pourrait ne pas convenir, causant des dommages ou des dégâts en raison du non-respect des exigences de résistance physique spécifiées dans le standard SANS 457.
Les poteaux électriques tels que les poteaux de transmission, de communication et d'éclairage public, sont couverts par le standard SANS 753 pour certaines essences de pin et le standard SANS 754 pour les essences d'eucalyptus. 1 (SAWPA:2019)

Des défis à relever
D'après Bruce Breedt, directeur général de l'association sud-africaine des préservateurs du bois (SAWPA - South African Wood Preservers Association), la disponibilité de la matière première et sa conformité aux exigences de qualité des standards SANS reste un défi. « De nombreux poteaux non-conformes sont introduits sur le marché et présentés comme étant conformes au standard SANS 1288. Notre rôle, en tant qu'industriels, consiste à minimiser et éviter ce phénomène, car l'utilisateur final n'est pas toujours bien informé sur la différence entre les poteaux conformes et non-conformes, ce qui peut aboutir à des catastrophes si les poteaux sont utilisés pour un usage autre que celui auquel ils étaient destinés » explique-t-il.

Abe Stears, directeur général de South African Timber Auditing Services (SATAS), pense également que la principale difficulté réside dans la baisse des ressources forestières, et qu'il est crucial d'obtenir des permis afin d'établir de nouveaux boisements. Il est également nécessaire de mettre en place une coopération entre les différentes associations industrielles et de disposer d'une stratégie commerciale commune pour revitaliser le secteur. Il est intéressant de souligner que la question du manque de ressources et l'idée d'une stratégie commune de commercialisation du bois figurent toutes deux dans le Plan directeur forestier en cours d'élaboration.

Le problème est exacerbé par certaines fermes forestières, qui déforestent des milliers d'hectares pour planter des cultures d'exportation telles que l'avocat, des fruits et des noix de macadamia, en raison de la demande et des prix attractifs, explique Pierre Tullis, directeur général de la South African Utility Pole Association (SAUPA).

Concernant les poteaux électriques et les poteaux de transmission, les meilleures pratiques ont montré que les entreprises publiques devaient mieux contrôler l'achat de poteaux en bois afin d'empêcher l'introduction de poteaux de mauvaise qualité sur leurs chaînes d'approvisionnement. Les entreprises les plus vertueuses n'achètent que des poteaux en bois provenant de fournisseurs agréés qui respectent leurs exigences strictes en matière de management de la qualité et de conformité des produits. La solution, pour les acteurs du secteur du poteau en bois, consiste à travailler ensemble pour s'assurer que pour tous les poteaux achetés, le coût du cycle de vie est inférieur à celui des poteaux en acier et en béton. C'était le cas autrefois. Cela nécessite notamment de réfléchir de nouveau aux meilleures essences de bois, à la rétention de produits chimiques (quantité de produits chimiques présents dans le poteau) et aux caractéristiques en matière de pénétration des traitements, au séchage au four avant traitement pour une bonne gestion du taux d'humidité, à la conception des lignes de poteaux électriques et de transmission, et de définir les modalités d'entretien adéquates. 2 (SAUPA:2020)

L'instance nationale de régulation des spécifications obligatoires (National Regulator for Compulsory Specifications - NRCS) a été créée en 2008 pour gérer la réglementation technique et les spécifications obligatoires, et assurer la surveillance du marché pour s'assurer que les exigences qui s'y rapportent sont respectées. 3 (NSRS:2020) Peu après sa création, le NRCS a assuré ce rôle pour le marché du bois traité et du poteau. Malheureusement, en raison d'un manque de personnel qualifié et de problèmes de mises en application des lois au sein du NRCS, les traitements illégaux du bois échappent à nouveau au contrôle des autorités, d'après Bruce Breedt.

Un autre problème cause des ravages sur les sites de traitement des poteaux ; il s'agit du vol de produits à main armée, de plus en plus répandu, en particulier pour les produits contenant de l'arséniate de cuivre chromé, notamment dans certaines zones du KwaZulu-Natal. Jusqu'à présent, la police peine à arrêter les auteurs de ces vols.

Abe Stears explique que le standard exige que tous les sites traitant le bois à l'aide de conservateurs soient certifiés par un organisme certificateur accrédité attestant de la qualité des produits. Il est important de s'appuyer sur une certification indépendante pour garantir la fiabilité du contrôle qualité du bois traité et sa conformité aux normes avant l'expédition. La certification des usines de traitement joue un rôle majeur dans la protection de l'utilisateur final. Lorsque les preuves recueillies confirment une infraction, pour protéger le consommateur et la réputation du secteur, l'organisme certificateur doit prendre des sanctions adaptées à l'encontre des fabricants certifiés impliqués. Ainsi, l'organisme certificateur (pour la qualité des produits) garantit le respect constant des standards (produits) nationaux, afin de préserver l'intérêt général concernant les services assurés par ses membres.

D'après Bruce Breedt, il est absolument essentiel que SANAS, l'organisme sud-africain chargé d'accréditer les organismes certificateurs, commence à réfléchir au respect et à l'application d'exigences fondamentales minimum dans le cadre de la fonction d'accréditation, notamment parce qu'il existe déjà trois organismes de ce type dans le secteur du poteau et du bois traité, et parce que la conformité des traitements conservateurs constitue une exigence réglementaire/obligatoire dans le cadre de la « Spécification obligatoire pour les traitements conservateurs du bois » (VC 9092) du NRCS.

Pas d'industrie durable sans foresterie responsable
Notre certification de la gestion forestière FSC™ (Forest Stewardship Council™) est accordée aux organisations qui gèrent leurs opérations forestières de façon responsable sur le plan social, environnemental et économique. Dans le cadre du processus de certification, le mode de management de l'entreprise fait l'objet d'un examen annuel approfondi destiné à vérifier le respect des standards FSC en vigueur. La conformité du titulaire de certificat est vérifiée par un organisme certificateur indépendant accrédité par FSC.

L'Afrique du sud dispose d'un standard national de gestion forestière approuvé pour la culture de plantations, ainsi que d'un standard adapté par les organismes certificateurs pour la certification de la gestion de forêts naturelles. FSC possède plusieurs standards et procédures afin d'aider à valoriser l'activité des petits producteurs et les forêts gérées à faible intensité.

Environ 80 % des plantations sud-africaines sont certifiées par FSC. Cependant, il faut avoir à l'esprit que quiconque fait subir une quelconque transformation aux poteaux en bois doit posséder la certification chaîne de contrôle FSC pour pouvoir revendiquer le fait que le produit est issu d'une gestion forestière responsable.

La certification chaîne de contrôle s'applique aux fabricants, aux transformateurs et aux revendeurs de produits forestiers certifiés par FSC. Ce système garantit que les produits et matériaux FSC ont fait l'objet d'une vérification à chaque stade de la transformation, afin que les clients achetant des produits vendus avec une mention FSC aient l'assurance que ceux-ci proviennent de forêts gérées de façon responsable. Toute entreprise impliquée dans des opérations de transformation de poteaux certifiés par FSC, que ce soit pour l'écorçage, le calibrage, le séchage ou le traitement du bois à l'aide de conservateurs doit posséder la certification FSC pour pouvoir appliquer le label FSC sur ses produits et/ou les vendre avec une mention FSC. Le type de produit et le numéro de licence doivent figurer sur le label FSC. Le problème des poteaux en bois est qu'il n'est pas toujours évident de trouver où appliquer le label sur le produit.

Le bureau sud-africain des standards, qui gère la certification des produits pour les poteaux et le bois traités d'après les standards SANS, mais également les certifications de la gestion forestière et de la Chaîne de contrôle (CdC) FSC™, souligne l'importance de pratiques de gestion responsables, grâce au suivi et à la manutention de produits forestiers certifiés ayant fait l'objet d'une vérification indépendante par des auditeurs expérimentés. D'après Bjorn Buyst, responsable marketing et communication au bureau sud-africain des standards, la certification des entreprises du début de la chaîne de valeur (avec la certification de la gestion forestière) jusqu'à la fin de la chaîne (avec la certification Chaîne de contrôle - CdC) montre qu'il est important que tous les membres de la chaîne d'approvisionnement s'impliquent dans la mise en œuvre des standards FSC. Des entreprises telles que Vuka Timbers (PTY) Ltd (SA-COC-006555) ont constaté les bénéfices de la certification chaîne de contrôle pour les poteaux de transmission en bois rond imprégné.

Nous sommes tous d'accord pour dire que le marché des poteaux en bois joue un rôle important dans la contribution de la sylviculture aux plans de croissance de l'économie sud-africaine, mais le secteur doit faire face à plusieurs défis pour y parvenir. Les différents acteurs doivent proposer de nouvelles solutions pour répondre à ces problématiques. Le Forest Stewardship Council reconnaît qu'il a un rôle important à jouer, avec ses membres, les organismes certificateurs et les titulaires de certificat, pour élaborer des standards durables et fiables pour la gestion forestière et la chaîne de contrôle afin de relever ces défis.



Sources
1. Association sud-africaine des préservateurs du bois, Note d'information sur la différence entre les standards SANS 457 et 1288, disponible à l'adresse suivante : http://www.sawpa.co.za/documents/Guidance%20Note%20-%20SANS%20457%20vs%20SANS%201288%20poles.pdf [document consulté le 30/06/2020]
2. Association sud-africaine du poteau électrique, Rapport 2019 sur le poteau en bois
3. Instance nationale de régulation des spécifications obligatoires, disponible à l'adresse suivante : https://www.nrcs.org.za/content.asp?subID=54 [document consulté le 01/07/2020]
4. Bureau sud-africain des standards, Brochure sur le bois et l'exploitation forestière