Francisco Souza, Directeur de la Fondation FSC des Peuples Autochtones, nous livre sa vision et ses attentes vis-à-vis de cette nouvelle instance qui contribuera activement à renforcer l'engagement et la communication entre les populations autochtones, le système FSC et les organisations partenaires.

Comment a germé l'idée de la création d'une Fondation FSC des Peuples Autochtones ?
Au cours de l'Assemblée générale FSC de 2011, le Comité Permanent des Peuples Autochtones de FSC (PIPC) a été instauré et chargé d'un rôle consultatif auprès du Conseil d'administration de FSC. En 2018, il a été doté d'une unité opérationnelle devenue plus tard la Fondation FSC pour les autochtones.

Comment décririez-vous la Fondation FSC des Peuples Autochtones ?
Il s'agit d'une instance stratégique multi-sectorielle et opérationnelle créée afin d'élaborer des solutions créatives et innovantes pour soutenir les populations autochtones et leur permettre de concevoir, orienter et piloter des alternatives de gestion durable de leurs territoires grâce au système de certification FSC. Ceci tout en respectant leur culture, leurs pratiques et leurs droits traditionnels. La Fondation FSC pour les autochtones se compose de leaders autochtones qui veilleront à ce que la gestion forestière responsable s'appuie sur leur expertise et tienne compte de leurs préoccupations.

Quel sera votre rayon d'action ?
La Fondation FSC pour les autochtones aura une dimension internationale et travaillera en étroite collaboration avec les populations autochtones. Notre champ d'intervention et nos modalités d'action reflètent l'importance des populations autochtones qui sont propriétaires ou gestionnaires d'environ un quart de la surface de la planète. Nous générerons des opportunités de partenariats multisectoriels et proposerons des outils et des instruments permettant aux populations autochtones de gérer, préserver et utiliser leurs territoires en vue de consolider les paysages culturels autochtones.

Allez-vous coordonner votre action avec les différentes instances et composantes de FSC ?
Au niveau de la gouvernance interne, nous soutiendrons le PIPC dans son rôle consultatif auprès du Conseil d'administration et nous chercherons à accroître le niveau d'engagement et de communication avec les membres sur les questions autochtones. Les réunions régionales du PIPC nous aideront également à renforcer la visibilité de la gouvernance équitable et à instaurer une gestion partagée des risques, avec des effets positifs sur l'augmentation du nombre de communautés certifiées ayant accès aux marchés. La coordination technique se conformera au Plan stratégique mondial 2021- 2026. De plus, il est important que nous appréhendions l'approche fondée sur les paysages culturels autochtones comme une opportunité pour l'intégration des multiples bénéfices générés par les forêts et liés aux pratiques et moyens de subsistance autochtones spécifiques à une région donnée.


Quels sont les objectifs de la Fondation pour les autochtones à court et moyen terme ?
Notre priorité, au cours du premier trimestre, est la préparation du Plan stratégique annuel de la fondation et du PIPC. Nous allons également élaborer un plan pour améliorer la communication en interne entre FSC, le PIPC et la Fondation pour les autochtones, et au sein de ces instances. Nous prévoyons aussi de créer une plate-forme pour gagner en visibilité et faire connaître le point de vue des populations autochtones sur la certification et le CLIP, et empêcher les atteintes aux droits coutumiers des communautés. Nous développerons ensuite notre stratégie de collecte de fonds pour la mise en œuvre de programmes et de projets. Au cours de l'Assemblée générale, nous présenterons la première version de notre Plan stratégique quinquennal, qui s'alignera sur le Plan stratégique mondial FSC pour la même période.

Quelles sont vos attentes concernant les relations entre FSC et les communautés suite à la création de la Fondation FSC des Peuples Autochtones ?
Nous souhaitons accroître le degré d'engagement des populations autochtones dans le système de certification FSC d'une façon plus stratégique. Nous espérons concevoir pour les communautés autochtones des modèles comportant des mesures de sauvegarde de leurs droits. Parallèlement, nous voulons élaborer des outils pour améliorer la gestion des forêts et générer davantage de revenus dans les territoires autochtones certifiés. Le lancement de la Fondation devrait générer des opportunités pour la mise en œuvre d'initiatives pilotées par des organisations autochtones locales et régionales ayant un plus grand impact sur les problématiques autochtones prioritaires. Ces initiatives et ces projets concourront à la mission de FSC et à ses objectifs à long terme.

Que vous inspire votre nomination à la tête de cette Fondation ?
Pour moi, qui suis issu du peuple autochtone Apurinã de la forêt amazonienne, c'est un honneur de m'associer à mes frères et sœurs autochtones du monde entier pour créer cette Fondation destinée à mieux répondre aux attentes de nos semblables. Grâce à l'opportunité qui m'est offerte, je pourrai contribuer à la transformation des territoires autochtones pour qu'ils apportent des solutions innovantes aux défis internationaux tels que le changement climatique et l'usage non durable des forêts et des ressources. Pour y parvenir, nous devrons travailler en étroite collaboration avec les entreprises, les institutions financières, les gouvernements et la société civile. La plate-forme multi-sectorielle de FSC est idéale pour établir cette alliance internationale.


Au service de quoi voulez-vous mettre votre expertise ?
Je souhaite contribuer au renforcement de la Fondation des Peuples Autochtones et de FSC dans les trois domaines stratégiques suivants : consolider la vision de la Fondation, basée sur une approche globale et intégrale des populations autochtones, de leur gouvernance territoriale et de leurs stratégies de gestion des ressources naturelles (actuellement, les communautés gèrent de nombreux produits et services qui pourraient intégrer le système de certification). Le second domaine stratégique concerne la coopération avec différents secteurs pour établir un réseau d'alliances en soutien aux populations autochtones, afin que le marché ait une approche favorable des chaînes durables à grande échelle. Le dernier domaine stratégique porte sur la collecte de fonds et le développement avec des entreprises, des fondations, des agences multilatérales et des banques de développement pour soutenir des programmes et des projets impliquant des organisations autochtones dans différents pays.

Qui compterez-vous dans votre équipe ?
Pour l'instant, je suis accompagné par Daniel Rosas - Responsable des affaires autochtones pour FSC. Il travaille notamment pour la coordination et la communication avec les organisations autochtones du monde entier via le PIPC et FSC. Il joue également un rôle important dans l'animation et la préparation des réunions régionales du PIPC, et informe régulièrement les membres et les équipes FSC des avancées des projets et des résultats obtenus. Un assistant de direction devrait également rejoindre l'équipe dans les prochaines semaines.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux communautés autochtones ?
On compte plus de 350 millions de peuples autochtones dans le monde entier, propriétaires ou gestionnaires de centaines de millions d’hectares de forêts naturelles. Ces forêts constituent d'importants réservoirs de carbone et leur destruction pourrait aggraver les effets du changement climatique. Elles fournissent également des services environnementaux précieux pour le bien-être de la société et des différents secteurs économiques. Grâce à leurs ressources naturelles, elles pourraient devenir le plus grand producteur mondial de biens et services durables. C'est pour vous et par vous qu'a été créée et qu'est dirigée la Fondation FSC pour les autochtones. Nous sommes à votre disposition pour que vous soyez « Gardiens de la forêt » au profit de vos communautés, en reconnaissant vos droits et vos modes de vie traditionnels.