Ainsi les technologies telles que la spectrométrie isotopique, génétique et de masse peuvent aider à déterminer l'origine exacte d'échantillons de bois spécifiques. Ces tests permettent donc de déterminer la forêt d'où provient le bois. Ceci est possible lorsque les échantillons de cette forêt sont disponibles pour comparaison.
Le FSC et ses partenaires Kew Botanic Gardens, Agroisolab, WRI et US Forest Service International Program ont créé le consortium World Forest ID qui met en place la plus grande bibliothèque d'échantillons de bois géo-référencés en open source, au monde. Grâce à cette bibliothèque, plusieurs types de méthodes scientifiques sont utilisées pour confirmer ou contester les affirmations sur les espèces et la provenance des produits forestiers dans le cadre notamment de la lutte contre la fraude, l'exploitation illégale des forêts et la déforestation.
Aujourd'hui, quiconque s'interroge sur la véritable origine d’une livraison de bois certifié FSC peut se renseigner auprès du FSC pour profiter de ces technologies de pointe en sus des procédures de diligence raisonnable habituelle.
Le projet au Gabon
En 2019 et 2020, plusieurs collectes ont été menées au Gabon pour collecter des échantillons dans trois concessions certifiées FSC : CBG, CEB/Precious Woods et Rougier. Le Gabon est le premier pays de tout le continent africain à accueillir un projet aussi novateur.
Le projet a été mené par le FSC en partenariat avec Agroisolab et Kew Gardens (UK) et avec le soutien local du ministère des forêts et de l'environnement, des Parcs nationaux gabonais et de l'institut de recherche CENAREST/IRET.
Un chercheur local, Cynel Moundounga, a été formé pour suivre le protocole d'échantillonnage qui comprend l'utilisation d'un outil spécialement conçu par Agroisolab et appelé "pickering punch". 155 échantillons d'une douzaine d'espèces dont l'Okoumé, l'Ozigo, le Padouk, le Moabi, le Bilinga, l'Okan ont été prélevés dans les concessions certifiées FSC et à plusieurs endroits dans les parcs nationaux de Moukalaba Doudou et Birogou.
Des résultats prometteurs
Le vendredi 19 juin 2020, les résultats de la collecte de 2019 ont été présentés à Lee White, Ministre des forêts et de l'environnement du Gabon et à son équipe via une conférence Zoom. Le Ministre a salué les résultats prometteurs et est prêt à envisager un soutien à la World Forest ID pour étendre la collecte d'échantillons.
Le webinaire était intitulé : World Forest ID Gabon Reference Collection, 2019 REPORT : Authentification de l'origine par l'analyse du rapport isotopique stable des échantillons de référence de bois provenant de deux concessions forestières au Gabon.
Y ont participé des représentants des trois concessions certifiées FSC, Alfred Ngomanda, Haut Commissaire pour CENAREST/IRET et Aurélie Flore Koumba, Conseiller scientifique à l'Agence du Parc National (ANPN) ainsi que les partenaires de WFID.
Nathalie Bouville, responsable de la communication de FSC Afrique, a présenté et remercié les organisations partenaires gabonaises qui ont permis l'expédition et en particulier Cynel Moundounga, attaché de recherche de l'IRET, qui a mené une grande partie du travail.
Agroisolab a présenté les résultats de l'analyse de référence des isotopes stables (SIRA) pour des échantillons de bois prélevés dans deux concessions FSC au Gabon. La discrimination SIRA est démontrée pour les deux espèces Okoume (Aucoumea klaineana) et Ozigo (Dacryodes buettneri) entre les deux concessions référencées. Cela démontre qu'il est possible de tester les échantillons de bois d'Okoume et d'Ozigo pour confirmer qu'ils sont originaires du Gabon et susceptibles de se distinguer des régions du pays. Il serait intéressant de collecter un plus grand nombre d'échantillons provenant d'autres espèces et d'autres lieux pour augmenter les possibilités de déterminer les lieux de récolte.
À l’issue de la présentation, le Ministre Lee White a remercié les partenaires pour leur travail, en déclarant : "Ces résultats justifient les prochaines étapes, envisageons ensemble la suite de ce projet". En ce qui concerne les commentaires selon lesquels les signatures SIRA pour le soufre sont associées à la proximité du littoral, le ministre Lee White a précisé que "la discrimination entre les cotes et les bassins sédimentaires n'est pas suffisante". Il a également suggéré plus de collaboration avec les travaux génétiques existants pour identifier l'origine et les espèces de bois. Tous les participants ont convenu qu'il est très important de continuer à renforcer les capacités locales pour ces technologies.