DES FORETS ET DES HOMMES: Un film documentaire de 52 minutes Ecrit par Max Hurdebourcq et Caroline Thirion Réalisé par Caroline Thirion

En 2019 le Gabon s’est lancé dans un projet ambitieux : imposer la certification et la gestion durable des forêts à toutes les concessions forestières actives sur son territoire. C’est le point de départ d’un mouvement vertueux et le combat d’un homme, Max Hurdebourcq, depuis plus de dix ans. Observateur passionné, il se bat au cœur des exploitations d’Afrique Centrale pour faire coexister les hommes, les animaux et la nature dans des îlots de biodiversité menacée. Cette année, Max "repart au combat" et mène sa dernière grande mission d’observation des gorilles dans les forêts du Gabon. Si on fait bouger les choses, il est encore temps d’agir pour ce qui n’est plus simplement un enjeu africain, mais un enjeu mondial. Tout sauf des forêts silencieuses.

Cinéaste accomplie, Caroline Thirion travaille comme productrice, reporter et photographe en Afrique centrale depuis 2002. Son travail a été primé au concours de photographie Nescafé Open Tour et au Festival international du film d'environnement de Paris. Le film, intitulé Des forêts et des hommes sortira au début de l'année 2022.

Nathalie Bouville, responsable de la communication de FSC Afrique, s'est récemment entretenue avec Caroline pour en savoir plus sur la genèse de ce projet.

- Comment avez-vous entendu parler de Max Hurdebourcq et comment est né ce projet de film documentaire ? 

Lorsque GEDEON programmes, m’a proposé de réaliser un film documentaire sur Max Hurdebourcq et le combat qu’il mène depuis plus de dix ans pour la préservation des forêts d’Afrique centrale, j'ai d'emblée été frappée par l'humilité de Max, son parcours incroyable, mais aussi sa détermination et sa "sagesse".... qui en font un personnage atypique et très inspirant. Dans la vie mais aussi à l’image.

Depuis des années, Max parcourt ces vastes zones forestières pour observer les gorilles et sensibiliser les populations locales à leur préservation. Il se bat pour faire coexister vie sauvage et exploitation forestière, afin qu’elles poursuivent leurs activités dans une perspective durable.

Max Hurdebourcq in the CEB/Precious Woods concession in Gabon ©CarolineThirion

 

Mon premier film « Mbudha, la source des chimpanzés » (52’, Ushuaïa TV) – produit par GEDEON programmes - traitait de l'importance de préserver des petites forêts, et les chimpanzés qui les habitent, en République Démocratique du Congo, en 2018.  C’est pourquoi le producteur Stéphane Millière a trouvé naturel de me proposer la réalisation de ce projet.

Nous nous sommes donc rencontrés pour la première fois avec Max lors d'une réunion de travail à Paris, pour faire connaissance, et discuter de ce film, qui était déjà en projet depuis plusieurs années...  Et nous nous sommes revus quelques mois plus tard, lors du Festival du Film et du Livre d'Aventure de La Rochelle, afin d'écrire un premier dossier sur le film, pour le proposer ensuite à des diffuseurs potentiels.  

L’attente a été longue, mais nous avons obtenu le soutien d’Ushuaïa TV ainsi que de TV5 Monde. La société belge Clair-Obscur Productions coproduit également le film. Et nous avons bénéficié également du soutien du Label FSC et du programme ECOFAC6. Sans ces aides précieuses, nous n’aurions pas pu réaliser le tournage du film dans les mêmes conditions. Nous sommes par ailleurs encore en attente de réponses de possibles autres partenaires.

- Pour quelles raisons avez-vous fait le choix de venir au sein de la concession forestière CEB Precious Wood au Gabon ? 

Ce choix s'est imposé naturellement, puisque c'est au sein de la concession CEB Precious Wood, et avec cette entreprise, que Max collabore depuis 15 ans au Gabon : c'est là qu'il a commencé à explorer ces forêts, seul, en quête des gorilles. Gorilles qu'il a appris à connaître et dont il s'est mis à étudier les comportements lors de ses longues séances d'observation en forêt, avec la bénédiction de la CEB, qui l'a soutenu dans ses démarches, et son projet.  Max connaît les moindres recoins de ces forêts, et sait où se trouvent les clairières où viennent se nourrir et se reposer ces communautés de gorilles qui vivent dans ces forêts, situées dans la concession.  Il a accumulé un grand nombre de connaissances sur cette sous-espèce de gorilles, peu étudiée, dans cette région. Cela semblait donc évident de tourner ce film là-bas, et d'impliquer la CEB, en tant qu'exploitant forestier certifié FSC, dans cette aventure.  Et plus largement, d'inscrire cette histoire dans le contexte environnemental spécifique du Gabon. Par ailleurs, le film relate la dernière aventure de Max là-bas, puisqu'il a décidé que ce serait sa dernière expédition, au travers de l'aboutissement de sa quête : la création d'un sanctuaire à gorilles au sein de la concession. Soit un espace de 6200 hectares que la CEB a accepté de ne plus exploiter pour le bois, et qui servira ainsi de refuge aux gorilles mais aussi à toutes les autres espèces présentes au sein de la concession
 

- Comment s’est déroulé la préparation des expéditions en forêt ? 

L'enjeu pour ce genre de tournages aventureux, qui implique des longues marches en pleine nature, et des bivouacs de plusieurs nuits en forêt, c'est d'être le plus mobile et donc le moins lourd possible, tout en étant autonomes en termes de batteries et donc d'électricité.  Et en ayant tout de même à disposition le maximum de matériel et d'équipements, pour pouvoir réaliser le film souhaité.  Équilibre difficile donc... Le but étant aussi d'être le plus discret possible lors des marches en forêt, et des affûts, pour ne pas faire fuir les animaux. Ce qui implique aussi de ne pas trop se charger, pour rester mobiles et ne pas faire trop de bruit.  Je me suis basée sur mon expérience précédente, lors du tournage de mon précédent film en République Démocratique du Congo, où nous étions en autonomie et itinérance complètes pendant 25 jours d'affilée. Ce qui avait certes constitué un bon "entraînement" pour ce genre de tournages et préparatifs.  L'essentiel étant ainsi de travailler avec des appareils Reflex, capables de filmer en HD et en 4K, mais dont les boîtiers sont plus compacts, et plus légers, que les caméras traditionnelles.  Pour une qualité équivalente, voire supérieure.  Il a également fallu s'équiper de matériel de camping (tente, sac de couchage, lampes, nourriture, etc.), pour la partie itinérante et en bivouac, de l'aventure.
 

-  Les conditions du tournage n’étaient pas trop difficiles ?

Cette aventure impliquait de longues marches en forêt, et de nombreuses heures à attendre, lors des affûts pour espérer croiser et filmer les animaux. Les insectes en profitent alors pour s'en donner à cœur joie, en plus de la chaleur et du soleil qui tape...  De plus, comme il s'agit ici de populations de gorilles sauvages non habitués à l'homme comme cela peut se voir ailleurs au sein de certaines aires protégées, et qui - quoiqu'intégralement protégés - font malheureusement l'objet d'un braconnage illégal, c'est forcément assez compliqué de les approcher, sans prendre trop de risques. Et cela a donc été assez difficile d'arriver à les filmer de près.  C'est pareil pour les éléphants, dont nous craignions les charges. Et globalement pour les autres animaux présents dans la zone (buffles, serpents...). 

Une fois sur place, se laisse-t-on surprendre par des situations inédites et imprévisibles ?

C'est le charme et les aléas du documentaire, qui se base sur le réel, et qui vous réserve toujours des surprises, bonnes ou mauvaises, mais qui nourrissent et enrichissent le récit quoiqu'il en soit.  Je pense notamment à cet arbre tombé en travers de la route, qui nous empêchait de passer en voiture, et qu'il a donc fallu couper et dégager avec les moyens du bord, pour pouvoir rentrer au camp. Séquence que nous avons évidemment filmée et intégrée à l'histoire. Car cela en dit long finalement visuellement sur les obstacles à surmonter, dans la quête de Max, et sur ses conditions de travail, ainsi que celles des travailleurs de la CEB.  Les animaux imprévisibles par définition, ont aussi constitué de belles surprises : une panthère dont nous avons réussi à capter et capturer le regard fugace, une maman éléphant et son petit qui sont venus boire dans une clairière à la tombée de la nuit...  Et d'autres surprises que je réserve pour le film.

Max and Toussaint, CEB worker in the forest ©carolinethirion

- Quels sont les prochaines étapes de la production du film ? 

A présent, une nouvelle étape commence. Celle du dérushage puis du montage. Nous allons assembler les images et séquences que nous avons récoltées durant ces 30 jours de tournage pour mettre en ordre le film. Nous remettrons sa version définitive début janvier 2022 à notre diffuseur principal Ushuaïa TV.  Il est très important que l’exploitation du film ne soit pas limitée uniquement à sa diffusion télévisuelle mais qu’il soit également largement projeté dans les festivals, les écoles, les collèges, les lycées, les sociétés forestières mais aussi les associations de défense de l’environnement. En Europe, et au Gabon bien sûr, nous l’espérons. Max Hurdebourcq accompagnera ces projections et participera à des débats et conférences qui auront lieu autour du film. Car ce film se doit d’être plus qu’une simple fenêtre sur ce qu’il se passe dans un coin du monde, il doit participer au changement de comportements, en Afrique, et au niveau international. En termes notamment de responsabilités des consommateurs par rapport aux produits en bois qu’ils achètent : ceux-ci devant provenir d’exploitations certifiées en gestion durable tel que le FSC.

 

Fiche technique

Titre provisoire : Des Forêts et des Hommes

Image : Didier Griffond & Caroline Thirion                                        

Son : Caroline Thirion

Montage : Mélisse Cottard

Une coproduction GEDEON programmes et Clair-Obscur Productions

Diffuseurs : Ushuaïa TV, TV5 Monde

Partenaires : CEB Precious Woods, FSC et ECOFAC6